[Et si demain…] Léon le terminateur-recycleur

Cet article vous invite à imaginer un futur possible, en laissant libre cours à votre imagination.

Pour jouer le jeu, mettons de côté les réflexes comme “ce n’est pas possible”, “ça ne marchera jamais” ou “personne n’acceptera ça”.

Pour y parvenir, adoptons une petite astuce : suspendons temporairement notre incrédulité.

Et pour rendre l’exercice plus léger (et peut-être un peu plus digeste), on y ajoute une bonne dose d’humour. Peut-être même un peu trop 🙃, mais si ça peut aider, pourquoi pas !

Le père Noël était recycleur

Noël, le père de Léon, portait mal son nom. Ou plutôt son job n’était pas raccord. Il était recycleur. Il n’apportait pas du neuf aux enfants mais s’occupait du vieux et du cassé. Pas glamour. Du moins pas durant la plus grande partie de sa carrière. Ces dernières années, tout le monde (presque tout le monde) parle d’économie circulaire, de réutilisation, de valorisation des déchets… Au moment de prendre sa retraite, Noël est donc heureux.

Léon aurait pu partir à rebours de son Noël de père. Mais il a préféré prolonger l’activité de son paternel en remontant le temps. Plutôt que de gérer la fin de vie des objets, il est devenu le préparateur de leur futur.

Le préparateur de leur futur

Dans les bureaux d’étude des grandes entreprises, on le surnomme « l’avocat du futur ». Sa mission ? Plaider pour une fin de vie digne et sans trace de nos objets quotidiens. Dès leur conception, il intègre le démantèlement, les perspectives de ré-utilisation.

Aucune pièce n’est plus conçue sans imaginer ses prochaines vies possibles. C’est le feu d’artifice des options de ré-emploi. Tout en s’assurant que ces points de recomposition, de bifurcation d’usage se placent le plus loin dans le temps.

Son travail ne s’arrête pas là. Comme les objets sont conçus pour durer plus longtemps, il faut compter avec l’attachement des humains. Aussi, pour chaque objet, il intègre les protocoles de séparation, anticipe les points de rupture émotionnels, prévoit les rituels de transition. Un travail d’orfèvre qui ne plaît pas à tout le monde.

… ce qui ne meurt jamais ne pollue pas …

Face à lui, les « éternels », ces designers persuadés que la vraie durabilité réside dans l’immortalité des objets. Leur credo : ce qui ne meurt jamais ne pollue pas, à l’image des oeuvres artistiques centenaires par exemple. Une belle utopie industrielle qui fait sourire Léon. Il sait, pour l’avoir vu dans les yeux de son père, que tout finit par mourir. La seule question est : quelle empreinte laisse-t-on derrière chaque objet ?

« La vraie durabilité », aime-t-il répéter, « c’est d’accepter la fin dès le début ». Une philosophie qui transforme chaque projet en défi. Comment concevoir un objet qui prépare sa propre disparition ? Comment programmer une obsolescence qui ne soit ni prématurée, ni douloureuse, mais naturelle et acceptée ?

Sa fille Mathilda semble s’inscrire dans les traces de Léon et Noël. Et elle ajoute une question encore plus complexe : comment concevoir des objets qui vous suivent toute votre vie, qui évoluent avec vous, avant de subir leur prochaine métamorphose ? Comment des produits pourraient grandir et vieillir avec nous ?

cette fiction prospective a été inspirée par un courant très sérieux : le Endineering.

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