Cet article vous invite à imaginer un futur possible, en laissant libre cours à votre imagination.
Pour jouer le jeu, mettons de côté les réflexes comme “ce n’est pas possible”, “ça ne marchera jamais” ou “personne n’acceptera ça”.
Pour y parvenir, adoptons une petite astuce : suspendons temporairement notre incrédulité.
Et pour rendre l’exercice plus léger (et peut-être un peu plus digeste), on y ajoute une bonne dose d’humour. Peut-être même un peu trop 🙃, mais si ça peut aider, pourquoi pas !
Ils avaient appelé ce truc le « m³ ». Ça devait les faire marrer ces crétins de techni-écolos d’utiliser l’unité de mesure de volume pour me faire cracher au bassinet. Et ils lui avaient même trouvé une signification pour bien marquer au fer rouge l’horreur insurmontable de la démarche : « m³ » pour millième pour dix mille km² de surface maritime.
Laissez-moi me présenter. Je suis Daisy Athout, petite-fille de et imperium de Noram. Si vous me lisez en 2024, il vous manque 10 ans de géopolitique que je ne vais pas pouvoir combler (le tyran qui produit ce torchon va me couper au montage si je déborde). Brèfle, je règne sur tout ce qui se trouve sur le continent américain (même si officiellement je n’exerce pas au-dessous du Canal de Panama.
Je suis Daisy Athout, petite-fille de et imperium de Noram
Cette idée brillante faisait partie des Accords de Paris (TX) de la COP21. Mais non pas celle-là ! Vous suivez ou quoi? Celle de l’IPBES, le GIEC de la biodiv. Et c’est en 2034 que s’est tenue leur maléfique COP21 qui a décidé que chaque État signataire devait consacrer un tantième de son PIB (mon précieux PIB à moi) à “remettre en état” ses surfaces maritimes. Comme si la nature ne pouvait pas s’en occuper toute seule, cette incapable. Et ils ont listé de manière très précise les trucs à faire : renforcer la biodiversité (cette blague), dépolluer les océans (il paraît qu’il y aurait du plastique dans l’océan et que les poissons qu’on bouffe en auraient une bonne partie dans leurs chairs… pouahh c’est révoltant que la mer ne fasse pas son boulot), protéger les ressources (vivantes ET minérales… n’importe quoi) et la litanie continue pendant des pages et des pages.
Le pire c’est que mon prédécesseur avait accepté ; faut dire qu’il était encore “élu” à cette époque, alors il cédait facilement devant le petit peuple qui chouinait. Il m’a avoué que c’était uniquement pour faire la nique aux franco-gaullois et leur plus grande surface maritime au monde (ma conseillère m’a dit que ça s’appelle ZEE pour Zone Économique Exclusive).
Alors depuis, on a fait les calculs. Au début, ils voulaient 1‰ de PIB (par tranche de dix mille km² de surface maritime). Pour les Français, cela aurait voulu dire que chaque année, ils auraient dû y consacrer tout leur PIB… Je me marre. Mais c’était pire pour nous avec notre conquête, oups pardon, unification de Noram. On a réussi à ramener ça à 1‱ (vous aussi ça fait bobo à la tête ces chiffres). Ce qui fait quand même près de 15% de PIB par an pour Noram. C’est trop!
… c’était uniquement pour faire la nique aux franco-gaullois
Donc on avait le choix : soit réduire le PIB (j’ai viré immédiatement celle qui a proposé ça), soit réduire la ZEE (lui aussi j’ai failli le sortir, mais je me suis ravisée car il ne restait plus d’option).
Depuis, c’est la course à l’autonomie. Tous ces territoires que l’on maintenait sous notre coupe (oui oui, le discours officiel est “que l’on chérissait”) et qui réclamaient leur indépendance, eh ben maintenant ils ont obtenus gain de cause. Aller, hop dehors (mais sous laisse économique quand même, faut pas déconner).
Et voilà comment cette COP21 a rebattu les cartes de la géographie et surtout de la géopolitique mondiale. Tout ça pour sauver les poissons! Je laisse aux autres le soin de s’en occuper des poiscailles et je réduis ma ZEE tous les jours un peu plus. C’est fou ce que ce truc me fait du bien : non seulement je paie moins de leur « m³ », mais ça me coûte moins cher en militaires, en bons à rien, en routes à entretenir… Quelle belle idée finalement : je réduis ma ZEE et j’augmente ma Zone de Confort Profitable – et pas qu’un peu.
Si une telle réglementation survenait, quelles pourraient être les conséquences dans l’esprit des autres Daisy du monde? Et si la nouvelle tendance devenait alors de privatiser ses départements côtiers (ou états dans une fédération) un peu comme on peut découper une entreprise en plus petits pour maximiser/minimiser quelque chose (les impôts, les profits, l’impact des lois, …).
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